Décapitalisme et sanglier sous coc’

Le guide des résolutions … Coucou 2022, nous voilà !

Vous êtes un aficionados des intentions et les avez mijotées tout décembre pour les mettre en grand sur un vision board ce matin même? Super. Voyons si nous pouvons saupoudrer juste un peu de décapitalisme et déproductivisme histoire de contribuer au monde qu’on veut voir émerger juste en s’autorisant à être humain.

Le capitalisme – on ne le présente plus – est un régime basé sur la recherche systématique de la plus-value. Ce système est économique, social et politique, mais il est devenu une norme si ancrée pour celleux d’entre nous qui vivons dedans depuis plusieurs générations, qu’il est aussi un système de valeur internalisé. Inconsciemment, nous avons adopté ce modèle de productivité pour ce qu’il y a de plus intime en nous: nos valeurs, notre estime de nous, notre moteur pour avancer dans la vie, etc.

Déclinés en exemples, ça donne:

• Ne jamais réussir à vraiment se reposer parce qu’on valorise uniquement le faire, l’action et la création
• Se sentir inadéquate et empêtré.e quand on ressent une émotion improductive dont on considère qu’elle nous ralentit dans notre agenda bien ficelé (coucou la tristesse, le deuil, la perte de repères …)
• Vouloir posséder plus, créer plus et perdre son sens de la valeur de soi quand ce n’est pas le cas
• Poser des intentions et des objectifs dans nos vies comme si on fonctionnait à notre high level 365 jours de l’année et en honorant rarement les possibilités que les choses évoluent.

Ajoutons à ça que notre système nerveux ressent un stress quand on lui demande des trop gros pas et qu’il se braque en faisant éventuellement le contraire de ce qu’on voulait. “Je vais faire une heure de méditation tous les jours pour être moins stressée!” déclara t’elle pour finir frustrée, culpabilisée et ruminant qu’elle n’arrive vraiment à rien.


“Mais le concept d’intentions n’est il pas purement capitaliste EN LUI-MEME?” vous dites-vous, avec une tête d’emoji aux yeux tout ronds.

Et ben voilà une bonne question. Toutes les réponses sont dans la nature, la mienne aujourd’hui n’est pas d’arrêter d’avoir des directions dans ma vie, mais de leur appliquer un agenda HUMAIN. Le genre d’agenda où il y a de la place pour que j’ai des mauvaises journées, pour qu’un ami ait besoin de moi, pour que d’autres projets demandent mon attention ou même qu’une pandémie vienne faire le show au milieu de mon vision board si bien organisé.

Donc chers intentionnels planteurs de graines en cette nouvelle année, une perspective anti-capitaliste sur vos résolutions est d’explorer comment vous pouvez badigeonner votre liste de compassion, de baby steps, de pauses et faire beaucoup de place pour votre humanité plutôt que d’y aller comme un sanglier sous coc’ et qui passera de la violence d’un engagement intenable à celle de se décevoir.

Exemples issus de ma liste de 2022:

• Arrêter de me ronger les ongles 👉 essayer de ne pas me ronger les ongles quand je suis en vacances. Me lâcher la grappe le reste du temps.
• Arrêter de checker mon téléphone 70 fois par jour 👉 m’autoriser à le faire à fond pendant deux heures par jour et voir si ça change quelque chose le reste du temps.
• Parler moins, écouter plus, avoir confiance dans le silence 👉 fixer un moment spécifique (une formation, une soirée avec des amis etc) où j’essaye.

Sur ce, la bonané !