Les réponses à vos sourcils interrogateurs

J’ai grandi dans une famille engagée.

Mon grand père communiste, avec son fameux kit de manifestation (= un siège pliable avec poche latérale pour ranger son sandwich et plus), était toujours prêt à se lancer avec fougue dans des débats de toute sorte. Mes parents, plus discrets, n’ont néanmoins jamais caché leur attachement aux luttes sociales et ça discutait Arlette et CGT à la maison. Je suis naturellement descendue à mon tour dans la rue à 17 ans, après le premier tour de la présidentielle en 2002 (Chirac-Le Pen, pour les plus jeunes d’entre vous) et j’ai ressenti pour la première fois la boule au ventre pour notre avenir politique.

Mon engagement a été si viscéral pour lutter contre la précarité qu’alors que je me destinais à l’enseignement traditionnel, j’ai bifurqué pour devenir éducatrice spécialisée, afin d’avoir un impact plus direct. Et alors, mes journées ont commencé à ressembler à un marathon de l’enfer, j’ai peu à peu quitté la rue et les banderoles et concentré mon énergie à ceux en face de moi en semaine, et à essayer de récupérer sur une fatigue qui s’accumulait les week ends. Je m’épuise, jusqu’à prendre la décision de partir au bout de quelques années. Le fléau de la culpabilité et le feu de mon engagement pour les luttes sociales me brûlent de retrouver ma place.

Mais mon corps s’oppose fermement à toute tentative d’aller dans un environnement animé par la rage. Je me suis trop trahie par le passé, je ne l’ai pas assez écouté, maintenant je dois aller à son rythme sinon il résiste comme un vieil âne.

La question reste en fond jusqu’au jour où Pauline me parle d’activisme sacré: tout mon corps fait zing! L’activisme qui relie mes besoins et ma vision, en n’étant pas moins radical. L’activisme qui ne va pas me faire violence. L’endroit où je peux porter ma voix et être nourrie à la fois. L’engagement où l’épuisement n’est pas jauge de qualité. Depuis, au bûcher on explore engagement et repos, la place du rêve, comment porter sa voix en restant intègre à soi, l’activisme et la joie, et tout ça en communauté. Franchement, c’est joyeux et transformateur.