Devenir pote avec le processus de deuil au point de l’inviter (très) régulièrement
Au risque de te froisser, tu prends DÉJÀ soin de toi. T’en rendre compte t’évitera de prendre la question à rebrousse-poil en te rendant malade avec des résolutions et disciplines intenables.
Augmenté par la tendance des bonnes résolutions, je ne cesse d’entendre autour de moi des personnes qui font le constat « qu’elles ne prennent pas assez soin d’elles » et qui voudraient le faire plus.

Instant cash: tu ne pourras pas en faire plus.
Si tu pouvais le faire, tu l’aurais déjà fait. Si tu n’as pas implémenté telle routine ou dégagé du temps pour tel autre projet, c’est parce que ça n’était pas possible en l’état actuel des choses. Quand je dis « en l’état actuel des choses », ce que je veux dire est « sans faire aucun deuil ».
Essayer de maintenir ta vie telle qu’elle est et y ajouter un cours de danse, un week-end avec des potes ou 10 minutes de méditation par jours, c’est bourrer son sac avec un pull en plus alors qu’il était déjà en train de suffoquer. Soit tu finiras par abandonner le pull, soit ce n’est qu’une histoire de jours avant que la fermeture-éclair lâche et que tu te retrouves avec un sac qui vomit tout ce qu’il y avait dedans en plein dans l’escalator du métro (tu reconnaîtras une métaphore délicate du burn out et autres épuisements).
Il faut commencer par enlever un pull de taille au moins équivalente avant d’envisager en mettre un autre. Tout pareil pour la vie. Tu ne pourras pas juste ajouter des choses, si tu ne fais pas un bon gros travail de ce que tu vas laisser en premier. En étant réaliste.
Ensuite, au lieu d’obséder sur le verre à moitié vide, c’est aussi le temps de regarder toutes les façons dont tu prends déjà soin de toi:
- En travaillant beaucoup, tu assures probablement ta sécurité financière et celle de ta famille et tu fais avancer des sujets dans lesquels tu crois.
- En prenant soin des autres, tu prends soin d’être intègre à tes valeurs et d’être la personne que tu veux être dans ce monde.
- En scrollant sur ton téléphone/ jouant aux jeux vidéos/ t’adonnant à tes petites addictions inavouables préférées, tu prends soin de te donner des temps hors des obligations, qui te donnent temporairement un petit boost de régulation de l’anxiété ou autre.
Alors ok, tout ça a des conséquences à long terme. Comme tout.
Si tu passes ta vie à répondre à tes besoins long terme, tu risques de manquer de la nourriture fournie par les plaisirs immédiats et la présence au quotidien.
Et si tu réponds immédiatement à tous tes besoins court-termistes, tu risques une perte de sens et de la sensation d’être investi.e pour ce en quoi tu crois.
Prendre soin de soi n’est pas un chemin dans lequel il faut cocher toutes les cases.
C’est au cas par cas, au moment par moment. Parfois prendre soin de soi c’est commencer les soins dentaires qu’on avait laissé de côté pendant des plombes. Parfois prendre soin de soi, c’est laisser passer 5 ans sans voir de dentiste parce qu’on a d’autres sujets sur le feu.
Hard truth, on ne pourra peut être jamais répondre à tous nos besoins. Lesquels sont ceux qui demandent de l’attention parce qu’ils en ont manqué? Et lesquels devront nous attendre encore un peu?
Les questions qui peuvent débloquer un peu le schmilblik sont donc plutôt:
-> Quelles sont les façons dont je prends déjà soin de moi dans mes choix et mon mode de vie?
-> Avant de vouloir faire plus dans un domaine, où est ce que j’accepte de faire moins?
-> Est-ce que je suis réaliste sur ce que je veux ajouter/ changer? (Pour info ou rappel, être irréaliste = créer toutes les conditions pour se décevoir)
-> Qu’est ce que je ne ferai toujours pas (encore un peu plus de deuil) ?
Et je terminerai ici en célébrant avec toi qu’une des façons de prendre soin de moi l’an passé a été de faire les efforts pour simplifier ma vie administrative en fermant une de mes deux entreprises pour n’en garder qu’une et … je viens à l’instant de recevoir la confirmation du Tribunal de Commerce ! Yayyy!
Je fais donc des gros bisous à mon auto-entreprise ouverte il y a 9 ans, la remercie pour tout ce qu’elle a permis et clos ce chapitre avec soulagement et satisfaction. Et un big up à Claire du passé d’avoir trouvé le courage de faire fumer son cerveau et son porte-feuille pour trouver la structuration qui prenne le plus soin d’elle.
Et sur ce, gros bisous à toi aussi!