Déstigmatiser la santé mentale comme un citoyen super

Il faut sortir la santé mentale de la culture du tabou. La culture dans laquelle nous vivons tente de nous faire penser que les variations de notre santé mentale sont des dysfonctionnements qu’on n’aurait pas eu si on avait mieux gérer. Et avec ça vient la conséquence logique de culpabiliser et de chercher à s’en sortir seul.e puisqu’on a intégré qu’on aurait jamais dû/ pu faire mieux.
Du point de vue de sociétés capitalistiques, c’est quand même plus pratique et moins cher de remettre la responsabilité du soin sur les individus seuls, en créant un système où ils tournent en boule sur eux-mêmes comme un chien qui se mord la queue plutôt que de mettre les moyens en œuvre pour créer un tissu solide et une culture qui prend soin de la santé mentale.
Alors c’est un enjeu politique d’arrêter de vous taper dessus à outrance quand vous souffrez mentalement. Votre culpabilité est le pain béni du capitalisme, de l’hyper individualisme et de sociétés où le tissu social est aussi efficace qu’un filet de pèche pour récupérer des grains de semoule.
1 – Notre santé mentale est un continuum.
C’est NORMAL d’avoir des variations, qui plus est dans des contextes de vie très demandeurs. C’est normal d’être triste face aux pertes. C’est normal de perdre espoir quand on est accablés par de nombreux évènements ou nouvelles desservantes. C’est normal d’avoir peur face à l’inconnu. Une santé mentale normale est pleine de variations, et si vous n’en avez pas, voilà une bonne raison de vous inquiéter.
2 – « Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade » dit Jiddu Krishnarmurty.
Votre souffrance parle sans doute au moins autant du monde dans lequel on vit que de vous spécifiquement. Supprimer les symptômes, ou les adresser uniquement dans le cabinet de votre thérapeute, c’est rater le coche d’une révolution collective qui nous permette tous.tes de lutter contre de ce qui doit cesser.
3 – Pour normaliser et déstigmatiser la santé mentale, il faut en parler. Normalement.
Ni comme un sujet à éviter, ni comme un sujet qui pèse une tonne où l’on doive sortir ses grands yeux de chiots compassionnels et un plan d’action militaire. Pour ouvrir le bal, j’avais fait mon coming out de santé mentale en 2021 dans cette newsletter.
Apprendre à accueillir vos variations de santé mentale, les partager simplement et adapter votre vie à votre santé, c’est modéliser pour tous vos proches une façon d’être au monde où l’on attend pas des humains d’être tout puissants et où l’on apprend ensemble la beauté des fluctuations de la vie.
Et apprendre à accueillir avec justesse les variations de santé mentale des autres, c’est retisser un maillon à la fois, le tissu social du prendre soin. Que vous ayez en face de vous votre oncle qui considère qu’il faut juste se mettre un coup de pied au popotin ou votre amie tellement bienveillante qu’elle vous met dans un cocon pour votre prétendue fragilité parce que vous avez eu une crise d’angoisse une fois en 94, vous n’aurez pas envie de partager. Recevoir la souffrance mentale de quelqu’un et y réagir, ça s’apprend.
Apporter du soin peut être plus simple qu’il n’y paraît
La plupart d’entre nous ne l’avons pas appris formellement, on fait un peu au bon sens, un peu avec ce qu’on imagine que l’autre voudrait/ ce que l’on voudrait dans la même situation. Parfois ça tombe juste. Parfois c’est pas ouf.
Si vous n’avez pas eu l’occasion de l’apprendre, c’est normal d’être un peu pataud en se lançant dans une nouvelle façon de relationner. Et c’est aussi normal que toutes les conversations qu’on ouvre n’amènent pas à des améliorations immédiates. Il ne s’agit pas d’avoir une baguette magique et de soigner à tout va. Il s’agit de contribuer à créer une culture, un jour après l’autre, une conversation après l’autre.
Ce qui soigne, ce n’est pas d’avoir les mots parfaits et impactants: c’est d’ouvrir des portes dans ce qui ressemble à une cage dans le noir quand on souffre psychiquement. Ce qui soigne, c’est d’avoir un entourage soutenant et suffisamment dense autour de nous pour ne pas avoir peur de l’épuiser. Ce qui soigne c’est d’avoir différentes options pour notre rétablissement, du temps et des encouragements. Ce qui soigne, c’est que le chemin du soin ressemble plus à une forêt de barbapapas qu’à un seau d’éponges Spontex, si jamais on en venait à trébucher.
Un des points de départ si tu veux apprendre comment mieux repérer, réagir et déstigmatiser la santé mentale, c’est la formation aux Premiers Secours en Santé Mentale. Deux jours pour clarifier les bases.
Comme les Premiers Secours, c’est une formation citoyenne. Tu ne deviens pas pompier, tu as juste plus de repères le jour où tu dois réagir. Tout pareil pour les PSSM, tu ne deviens pas psy, tu es juste moins perdu.e et plus outillé.e quand il est temps de parler santé mentale.
Si tu veux te former avec moi, je suis en tournée (ahah j’adore cette blague) dans pleins de villes de France ces prochains mois: Paris, Bayonne, Lyon, Crest, La Rochelle. Et la formation est finançable par ton OPCO!
Si rien ne te va, tu peux toujours me dire où tu voudrais me voir par ici!
Sur ce, des bien gros bisous ^^
