Comment le monstre tapis dans l’ombre voulait en fait juste un câlin
La semaine dernière, je suis allée célébrer le mariage d’une amie en Pologne. J’ai aussi célébré le bon fonctionnement de mon corps qui m’a signalé par une attaque de panique en arrivant à Varsovie qu’il voulait arrêter de voyager pour un moment. En toute honnêteté, je le savais déjà depuis quelques semaines, mais je n’avais pas voulu l’entendre. Je savais exactement que je ne voulais pas vraiment faire ce voyage mais que je voulais être digne de parole. J’ai horreur d’annuler et de décevoir les gens, au point de préférer ne pas m’écouter parfois. Je ne voulais pas dormir dans le chaos d’une maison pleine de gens agités dès mon arrivée mais que je n’avais pas réussi à dire non à mon amie. Je le savais, mais j’ai poussé. Juste un peu plus.
Revenons en arrière. A l’âge de 18 ans, sans crier gare, j’ai eu ma première attaque de panique. Cela aurait été surprenant, voire juste un peu effrayant si elle s’était contentée d’être isolée. Mais il s’agissait en fait de l’épisode pilote d’une série à plusieurs saisons. Un peu comme Plus belle la Vie, sauf qu’en l’occurrence elle devenait plus compliquée, et qu’on ne changeait jamais de personnage principal. C’est donc devenu UN ENFER.
A 19 ans, alors que j’avais pris mon indépendance deux ans auparavant, je suis retournée vivre chez mes parents, ai arrêté mes études et ai plongé dans une dépression. La simple idée de prendre un bus générait de la panique. Plus je tentais d’y échapper, plus l’Angoisse faisait son chemin aux moments les plus inopportuns de ma vie. Entendons-nous qu’il n’y a jamais de moment où l’on est vraiment dispo pour arrêter de respirer et pour looper en boucle dans sa tête.
Et puis, j’ai changé de stratégie. J’ai décidé de prendre le contre pied de l’Angoisse. J’ai commencé à lui parler et tenter une communication avec ce qui me semblait un monstre avachi dans le salon qu’était l’espace de mes pensées. Ça a l’air cinglé, mais croyez-moi, à probleme dément, solution crazy. Donc j’ai commencé l’étude minutieuse du pourquoi, du comment, des facteurs aggravants, et de ceux qui amélioraient les choses. Quite à être pognée avec elle, autant faire connaissance. Et j’ai découvert que ce que je vivais comme un dysfonctionnement de mon corps / ma psyché à faire taire, était en fait tout le contraire.
Mon corps communiquait avec moi et me protégeait de ce que mon mental n’avait pas fait.
Ma tête avait toutes ces idées de qui je devais être: une femme mince, toujours pimpante, avec un projet professionnel solide, une amie toujours présente, une fille aidante, une amoureuse sans aucun besoin, et j’en passe. Cela me conduisait à favoriser mon idée de ce que l’on attendait de moi sur ce dont j’avais (mon corps notamment) réellement envie voire besoin. Je mangeais ce que je pensais devoir manger, je sortais pour ne pas décevoir mes amis ou ma famille. J’écoutais rarement réellement mon corps, parce que sa voix était de toutes façons bien faiblarde comparée à toutes les autres voix autour et en moi.
Mais lui, plus smart qu’il n’en a l’air, savait que ce n’était pas tenable. Alors il a commencé à envoyer des attaques de panique comme des court-circuits dans le système. Pour me protéger de continuer à en faire plus que ma capacité réelle et m’éviter d’exploser … il me faisait disjoncter. De là a découlé tout un chemin qui est aujourd’hui mon cv de surdiplômée spirituelle. Mais de toutes mes formations et explorations profondes, la vérité à laquelle je reviens toujours est celle de mon corps. Aussi frustrante soit elle comme ce soir-là dans une rue en Pologne, je n’irai nulle part sans lui.
Alors sous la pluie de Varsovie, au milieu du tourbillon de pensées stériles et du souffle court, une part de moi a réagi: “Tu sais très bien ce que tu dois faire, alors fais le. Maintenant.” Alors j’ai pris un Airbnb, envoyé un message à mon amie, annulé mes grands voyages à venir et remercié mon corps de si bien fonctionner.
Qu’est ce que votre corps vous dit auquel vous faites la sourde oreille?
Je vous comprends, c’est frustrant de ne pas être la personne qui peut tout faire ou tout être. Parfois on a besoin d’attendre le court-circuit, et parfois on est prêt à écouter.