Pourquoi il est temps de célébrer la banalité de la vie…
Je me réjouis de voir de plus en plus d’entrepreneureuses suivre une partie de leurs rêves en développant des projets de travail qui leurs correspondent.
Je me réjouis de voir avec ça une culture de la célébration, où l’on partage et nourrit ensemble les succès des un.es et des autres.
Et (c’est maintenant que je vais prêter l’ambiance), si la volonté d’inspirer par ses succès et de célébrer ses pas est tout à fait nécessaire et honorable, elle va devenir carrément dangereuse si elle n’est pas contre balancée par le partage honnête des ombres, des doutes et des flous inhérents à chaque réalité.
Une culture du succès déconnectée de la réalité nuancée de nos vies est un des aspects déguisés du capitalisme.
Il y a plusieurs problèmes et risques à ne montrer qu’une part de la réalité:
• créer un fantasme autour de l’entreprenariat qui dénigre entre les lignes d’autres choix de vie (le salariat, les entre-deux)
• augmenter la culpabilité de la grande majorité ne vivant pas des success stories
• créer de la précarité pour des personnes qui feraient des choix mal informés
• participer une vision du succès nourrissant l’idée qu’un parcours réussi est celui d’une croissance permanente (du CA, du nombre de clients, du nombre de réussites, du temps libre)
• renforcer l’idée que le succès est une sensation nourrie et mesurée par des indicateurs individuels uniquement.
Si vous voulez contribuer à une meilleure santé mentale de vos congénères humains en plus de la vôtre et participer à une vision anti-capitaliste un pas après l’autre, il est sans doute temps de diversifier votre vision du succès. Et de la rendre visible.
Dites nous TOUT. Vos succès, vos foirages, les zones entre les deux. Ce pour quoi vous avez de la gratitude. Ce qui craint du boudin.
En faisant cela, vous contribuez à normaliser les cycles de l’existence humaine, à grandir dans votre capacité à porter les nuances et à relaxer votre système nerveux dans sa réalité plutôt qu’à lui demander toujours plus. Et peut-être même que vous inspirerez d’autres à se reposer dans leur vraie vie et CHOISIR leur vision du succès en se désincarcérant d’une vision unique.
Je n’ai pas envie de célébrer juste votre CA ou votre nombre d’abonnés. J’ai envie de célébrer tous les moments où ça gadouillait et où vous avez quand même continuer. Et les moments où vous avez choisi d’arrêter parce qu’en fait, ça vous demandait plus que ce que ça vous amenait, ou parce que le stress et la déception ne peuvent pas toujours être compensés par des mantras ou des affirmations positives. J’ai envie de célébrer le courage à démarrer une entreprise et le courage à la fermer parce qu’elle n’est plus satisfaisante.
Parce que, parfois, la meilleure façon de vivre nos rêves, c’est en fait les réaligner avec la réalité.
En attendant, je vous souhaite un chouette été et de la rigolade!