C’est un autre courage

Celui d’arrêter de vouloir une sucette pour faire un effort.

Je connais bien le courage qui arrive comme un feu brûlant irrésistible et qui fait du char d’assaut mon animal totem. Je connais le courage qui ne laisse rien passer et qui m’emmène plus déterminée qu’un Jack Russel au bout de ma quête. Et là, le challenge de l’univers, c’est de trouver un autre courage. Celui que l’on doit répéter jour après jour, pas après pas, parfois heure après heure.

Comme beaucoup d’entre nous, je me suis construite avec un système de récompense: j’avais une sucette en sortant d’une prise de sang, puis un salaire parce que j’allais travailler, et je supportais les difficultés en me prévoyant un voyage ou une issue de secours joyeuse. C’est vrai, les efforts amènent au progrès. Mais la faille de ce système est qu’en l’utilisant à outrance, on s’infantilise soi-même. Si l’unique raison pour laquelle on se met en mouvement est la récompense, alors quand nous voilà arrivés à un temps où il n’y a ni récompense, ni certitude, c’est tout notre système interne qui est bouleversé.

On met notre masque et on n’aura pas de sucette à la fin. On fait des efforts et le monde peut tout de même s’écrouler. On souffre et notre souffrance n’est même pas l’assurance d’un portail vers la lumière. On n’a plus d’assurance, alors on boude comme des enfants, et on cherche des coupables. On ne veut pas de couvre feu, pas de confinement, pas d’efforts en plus tant qu’on n’aura pas plus de perspectives.

Vous pouvez toujours vous offrir une glace après votre test PCR (true story), mais la vérité est que nous devons cesser de nous comporter comme des enfants pour les choix déterminants notre destinée collective. Oui il existe des pouvoirs externes qui profitent et nourrissent cette déresponsabilisation.

Mais il y a nous aussi.

Il y a la difficile part qui consiste à regarder comment on bénéficie d’avantages secondaires à se comporter comme des enfants par rapport à la vie, plutôt que de mettre toute son énergie à blâmer l’autre.

Il est au moins aussi urgent de déconstruire nos systèmes internes de mise en action que les systèmes externes.

Nous devons nous comporter comme des adultes face à nous-mêmes et faire face à l’ultra pénible chemin de croix pour accéder à une réelle liberté, et pas un pansement factice pour répondre à notre frustration. Il faut retrouver les valeurs qui nous guident et pleurer ce qui n’existe plus. Il faut développer notre propre rapport à la foi et nos propres choix à vivre. Il faut faire le deuil douloureux de l’ancienne version de nous qui veut une friandise pour avoir à agir. Et quand on n’a plus de vision externe, il faut le faire depuis l’intérieur en développant la plus grande intimité à soi qu’on n’ait jamais eu.

L’énergie de la saison du Scorpion est celle de “laisser mourir” et renaître. Et il faut commencer par le premier sans assurance du second. Ce n’est ni facile ni tout à fait joyeux, mais il y a un confort à être honnête avec soi. Alors je vous souhaite le confort de l’honnêteté, et des plaids en pilous pour vous emballer pendant ce temps.