Et pourquoi il est temps de le brûler.
J’ai travaillé une petite décennie dans le social, auprès d’adultes dans des situations de précarité majeures. Je n’ai clairement pas choisi ce travail pour l’image que ça renvoie, mais il faut bien reconnaitre que certains métiers ont des étiquettes intouchables quand il s’agit d’engagement et d’activisme. Autrement dit, je recevais des centaines de commentaires du type « oh wow, c’est super ce que tu fais, je n’aurais pas le courage de faire ça! » additionné à un regard étoilé qui dit « Bien joué Mère Teresa! ». Ce genre de travail donne un droit non négociable à être considéré comme quelqu’un qui en fait suffisamment pour la société, a le droit de se plaindre et est légitimement fatigué. Ce serait d’ailleurs louche de ne pas être fatigué, right?
Après un épuisement certes légitime, mais surtout inhumain et quelques événements de la vie pour littéralement et métaphoriquement me secouer dans une autre direction, je suis devenue une espèce de soignante-enseignante utilisant des modalités :
a. dont on a entendu parler, dont on n’est pas certain de ce que c’est et qu’on prononce n’importe comment (le Reiki – se prononce en toute simplicité Ré-ki pour votre gouverne)
b. dont on n’a jamais entendu parler, qui s’écrit comme ça se prononce sans rajouter de u et dont la description ne rendra jamais grâce à l’expérience (le Qoya)
c. dont on pensait savoir ce que c’est (un jeu dans Picsou Magazine) et qu’on ne voit pas en quoi c’est soudainement devenu une pratique spirituelle (les Labyrinthes)
d. dont on sait exactement ce que c’est, dont on sait qu’on devrait en faire plus l’usage, dont on peut expliquer à chacun en quoi ils devraient aussi le faire, mais qu’on n’applique que rarement parce qu’en vrai, “on a mille autres trucs plus importants” (le Repos et la Relaxation).
Tout ça génère beaucoup de curiosité, mais clairement aussi beaucoup plus de questions et de suspicions quant à mon efficacité réelle dans ce monde que lorsque je pouvais brandir mon drapeau « je travaille dans le social ». D’autant plus qu’une grosse partie du message que je porte est d’en faire moins. De se reposer.
Dans un temps d’insoutenable urgence, comment peut on supporter le paradoxe d’en faire moins et d’oser se reposer?
Et bien on le fait justement. Pas tant parce que c’est sympa pour soi, mais parce que c’est une part importante de la réponse à l’urgence.
Je m’explique:
• Physiquement et mathématiquement, si vous en faites moins, vous consommez moins, donc polluez moins. Bon point écologique.
• Émotionnellement, si vous en faites moins, vous avez plus de temps pour continuer a vous connaitre et développer plus d’autonomie émotionnelle, ce qui me améliore vos relations – à vous-même, aux autres, à tout ce qui est. Bon point relationnel (donc politique et organisationnel).
• Spirituellement, et c’est en fait mon argument principal, si on arrête de considérer l’intuition comme une compétence personnelle mais plutôt comme la capacité a accéder à l’Information Universelle toujours disponible, alors on comprend rapidement qu’augmenter son intuition n’est pas uniquement sympa pour soi, mais nous aligne avec le plan Universel. Et le plan Universel n’est pas de continuer à nous auto-détruire. L’Ego, tout autant qu’il puisse être de bonne volonté pour se mettre aux services de causes collectives, est comme un enfant agité avec -5 à chaque œil = il ne peut pas voir plus loin que le spectre de son Être. Il n’a pas le plan global même s’il croit l’avoir; et être le seul à l’avoir et à être en charge de le mettre en œuvre. Alors que l’Âme, manifestation individuelle du plan d’ensemble, connait sa part et ses limites.
De toutes mes recherches, une des façons incontournables d’entendre le son de son âme, est d’en faire moins. De nettoyer toutes les couches d’épuisement – physique, émotionnel, mental, énergétique. La clarté, l’action juste et la confiance arrivent avec le repos. Donc oui, ça demande de quitter son badge d’honneur de personne qui en fait des caisses et de faire face a la terrible image véhiculée autour des personnes reposées : elles en font moins.
Le vrai courage n’est pas d’en faire plus, c’est de faire face a ce qu’on ressent quand on en fait moins.
Si je regarde en toute honnêteté mon bilan personnel, mon travail dans le social consistait à courir d’une personne à l’autre pour grosso modo mettre des pansements au collant bas de gamme sur des plaies aussi géantes que béantes. Mon travail actuel consiste à explorer des voies pour se connecter au plan Universel pour que le plus de gens possibles y accèdent. Et à être et vivre dans ce que j’enseigne. Je perds mon badge d’honneur de la fatigue, mais s’il existait un impactomètre, je suis bien plus efficace pour la société dans son ensemble aujourd’hui que je ne l’étais il y a 4 ans.
Prenez des vacances, augmentez votre temps de sommeil et forcez-vous à en faire moins. Vous devriez voir rapidement apparaitre devant vous la part du plan qui est la vôtre.