Une fois n’est pas coutume, revenons au bon vieux Larousse pour définir ce concept fourre-tout et souvent mal compris de “spirituel.le”. Il s’agirait donc de ce “qui est de la nature de l’esprit, considéré comme une réalité distincte de la matière”, ce “qui relève du domaine de la pensée, de l’esprit” ou encore ce “qui appartient à un domaine moral, distinct des réalités du monde sensible et de la vie pratique”.
Est-ce que quelqu’un a parlé de cristaux, de rituels et de cartes d’oracle? Non. Parce qu’il y a une différence majeure entre la spiritualité – une part de chaque être, que l’on choisit de plus ou moins explorer et nourrir, et les pratiques spirituelles, à savoir une des manières de nourrir sa spiritualité. Je m’explique.
Nous sommes tous spirituel.les.
De la même manière que nous avons tous un corps, nous avons tous un esprit. Il ne nous viendrait pas à l’idée de décrire quelqu’un comme “très corporel”. Maintenant, nous nourrissons tous une relation différente à notre corps, et certains ont plus investi cette relation que d’autres. C’est pareil pour la spiritualité. Tout le monde y a accès, certains choisissent d’investir cette relation plus que d’autres. Et alors, en conséquence, toutes les personnes qui nourrissent leur spiritualité ne forment pas une grande communauté d’idées similaires.
C’est un peu comme votre amie Julie qui adore le yoga et votre oncle Robert qui fait du foot en salle le dimanche: ce n’est pas parce qu’ils investissent la relation à leur corps qu’ils forment une communauté et qu’ils méritent d’être présentés. Donc, tout pareil pour la spiritualité, il y a autant de copines Julie que d’oncles Robert (et c’est très bien ainsi) et les Julies et les Roberts ne se rencontrent pas toujours dans leurs idées et leur façon de vivre les choses. Ça m’amène à mon second point qui est :
Spiritualité et pratiques spirituelles sont deux choses différentes.
Je connais beaucoup de gens qui n’ont pas de pratiques, mais qui ont un rapport évident et sain à leur propre spiritualité. Inversement, il y a des personnes – ou des moments, je m’inclus dans ce lot – où on s’acharne sur une pratique et où l’on perd le fil de pourquoi on le fait. Les pratiques spirituelles sont une béquille pour nous aider à remonter à vélo quand on perd sa propre connexion à soi et à ce qui est plus grand que soi. L’habit ne fait pas le moine, et les cristaux ne font pas la spiritualité. Ils peuvent juste nous aider à retrouver le chemin.
Ce qu’on en comprend entre les lignes est que si l’on n’était pas aussi déconnectés en tant qu’individus et collectifs, on n’aurait pas besoin de passer autant de temps à se reconnecter. Si on n’avait pas nourri des valeurs qui nous éloignent de notre nature depuis l’ère industrielle et plus, on n’en serait pas à apprendre à se relaxer pour entendre notre guidance interne.
La spiritualité n’est pas compliquée, puisque c’est une part de vous qui est là depuis toujours.
Et elle ne demande pas non plus de faire des formations de plusieurs années pour “en être”. Votre spiritualité peut être relativement innée, puisque c’est votre relation à vous et au monde. C’est l’intimité que vous avez avec l’univers lui-même. Et vous pouvez ressentir et vous nourrir de cette intimité parce que vous allez tous les jours marcher au bord de l’océan, ou quand vous jardinez et que vous avez les mains dans la terre. Ou tout simplement quand vous respirez et que vous avez conscience de cette connexion.
C’est la conscience que l’on met dans les choses et la relation d’intimité que l’on crée entre soi et la vie. On peut faire du yoga en étant déconnecté.e de soi et du monde, et couper des légumes en étant connecté.e.
Maintenant, on s’entend, la fille qui vous dit ça est celle qui passe sa vie à explorer les sujets spirituels, donc évidemment qu’il n’y a rien de mal à vouloir approfondir. Mon propos est de dire que ça ne rend pas plus spirituel, et que plus n’est pas mieux dans le domaine. Plus est juste un choix parce que c’est ce qui nous fait du bien. Il n’y a pas de course, ni de meilleur endroit où être que celui qui vous fait envie.
De toutes les pratiques dans lesquelles je me suis aventurée – et il y en a un catalogue – les plus simples m’ont toujours semblé les plus efficaces: celles qui me faisaient développer une force intérieure sans m’obliger à une discipline intenable, celles qui me permettaient de continuer un pas après l’autre sans me demander du temps que je n’avais pas, celles qui m’aidaient à être plus dans la vie sans avoir à passer plus de temps sur un coussin de méditation.