Et comment j’en suis arrivée à aimer le deuil.
Au printemps 2020, j’ai fait une session de soin avec une de mes amies du bout du monde. Il est peu dire que je me sentais lourde, comme si je portais dans mon corps des sacs de ciment à la place de mes cellules. C’est lourd, le ciment. Mon amie m’a dit sur le ton de l’évidence « ça c’est le problème avec vous les occidentaux, vous êtes pleins de deuils qui n’ont jamais été faits, alors il y a une lourdeur en permanence que vous trainez ». Le truc m’a sauté à la face style emoji-yeux-écarquillés. 😳
Elle m’a conseillée le génialissime livre de Martin Pretchel, The smell of Rain on Dust: Grief & Praise, et puis à la fois enthousiaste d’avoir mis des mots sur une réalité et sonnée de n’y avoir jamais pensée avant, j’ai regardé le plafond pendant un certain temps. Martin Pretchel, tout tranquillement, nous ramène à l’évidence: honorer correctement ses deuils (au lieu de les foutre sous le tapis comme si ça n’allait pas se voir), c’est honorer l’amour que l’on a pour – une personne, une période, une part de soi – quoi que ce soit qui demande à partir.
Le deuil, c’est l’amour. Et quand on célèbre l’amour, on arrête de se trimballer des casseroles et on fait de la place à l’intérieur de soi.
Une autre des choses que dit Martin-le-malin, c’est l’importance des cérémonies pour honorer nos deuils et créer des passages sans casserole. Ni une ni deux, j’avais à peine fini de lire le chapitre 1 que j’ai entamé 40 jours de cérémonie de deuil. Tous les trucs qui trainaient depuis la nuit des temps. Des ruptures amoureuses, des moments de ma vie que j’avais adoré et qui n’étaient plus, des parts de moi qui avaient grandies. En 5 minutes ou en une heure, je leur ai dit à quel point je les avais aimé. Je leur ai fait des offrandes parfois, je les ai baignés dans l’océan très souvent. Et au lieu de me concentrer juste sur « ce qui est à venir », j’ai mis pleins d’énergie sur ce qui avait été comme une normande mettrait du beurre sur une tartine.
La claque. Si les peelings géants existent, c’était ça. Tranquillement mais sûrement, j’ai replacé un bunch de trucs où ils devaient et ça a été SALVATEUR, ni plus ni moins. Au point que j’ai gardé ces cérémonies de deuil comme une pratique. Aujourd’hui j’ai au moins autant de joie à honorer mes deuils qu’à m’ouvrir à de nouveaux possibles. Allez, j’ose le dire…
J’adore le deuil … parce qu’il est une opportunité de plus de ressentir l’amour.
Honorer le cycle plein/ vide, croissance/ décroissance, création/ relâchement est devenu un de mes mantras. Pour chaque chose qui rentre, quelque chose doit sortir. Et par la grande porte avec les honneur, pas comme on jette un mouchoir qui traîne dans sa poche depuis des plombes. Quand on y pense, pour une espèce qui se pense la plus évoluée, c’est complètement pêté de penser qu’on pourrait créer/ produire/ ajouter et faire plus sans jamais rien clore ni relâcher. Sans faire de place au vide. C’est un peu comme construire perpétuellement sur des ruines sans les avoir rangées au préalable. Le truc va se casser la gueule, c’est immanquable. Alors voilà, se reconnecter à ses cycles, j’en fais à la fois une affaire personnelle et aussi un des trucs les plus importants dans une recherche anti-capitaliste.
Si vous voulez explorer comment se reconnecter à ses cycles … ensemble, danser, faire des cérémonies, des méditations et des explorations en tous genres, vous savez où me trouver !